Le prix d’achat d’une électrique fait souvent reculer les automobilistes. Entre 30 000 et 50 000 euros pour un modèle familial, difficile de franchir le pas. Mais le coût à l’usage change radicalement la donne. Entrons dans le vif du sujet.
Votre plein électrique à 2 euros : réalité ou fantasme ?
Recharger chez soi la nuit, c’est l’argument choc des vendeurs. Avec un abonnement heures creuses, vous payez votre kilowattheure entre 0,15 et 0,18 euro. Pour une citadine consommant 15 kWh/100 km, cela représente 2,25 à 2,70 euros aux 100 km. Soit 5 à 6 fois moins cher qu’une essence à 1,80 euro le litre.
Sur autoroute, la réalité s’inverse brutalement. Les bornes rapides vous facturent entre 0,50 et 0,79 euro le kWh. Votre recharge de 50 kWh vous coûtera entre 25 et 40 euros. À ce tarif, vous ne faites plus d’économies par rapport à un diesel récent. Les réseaux comme *Ionity* ou *Fastned* pratiquent des prix proches de ceux des carburants classiques.
D’ailleurs, consultez ici notre article sur les voitures électriques sont-elles vraiment plus écologiques.

L’entretien qui change tout votre budget
Ici, l’électrique marque des points décisifs. Pas de vidange, pas de courroie de distribution, pas d’embrayage, pas de ligne d’échappement. Les seuls points à surveiller : les pneus, les freins (qui s’usent peu grâce au freinage régénératif), le liquide de frein et la climatisation. Comptez 200 à 400 euros par an contre 600 à 1 000 euros pour un thermique.
Les plaquettes de frein durent deux à trois fois plus longtemps qu’en thermique. Le freinage régénératif ralentit le véhicule sans solliciter les freins mécaniques. Certains propriétaires roulent 100 000 km avec les plaquettes d’origine. Le coût d’entretien réduit compense une partie du surcoût à l’achat.
Ces frais cachés qu’on oublie de vous dire
La carte grise ? Gratuite dans la plupart des régions françaises pour un véhicule électrique. L’assurance ? Entre 10 et 30% plus chère qu’un modèle thermique équivalent, car les pièces coûtent plus cher et les réparateurs agréés sont rares. Prévoyez 50 à 100 euros supplémentaires par an.
L’installation d’une wallbox à domicile représente un investissement initial de 1 000 à 2 000 euros après déduction des aides. Sans cette borne, vous serez limité à une prise domestique classique qui recharge 10 fois plus lentement. Pour un usage quotidien confortable, c’est quasi indispensable.
La décote reste un mystère. Les premiers modèles électriques grand public datent de moins de 10 ans. Personne ne sait vraiment quelle sera la valeur de revente d’une électrique de 8 ou 10 ans. L’évolution rapide des technologies fait craindre une obsolescence plus marquée qu’en thermique.
Le calcul qui tue : à partir de combien de km vous gagnez ?
Prenons un exemple concret avec une *Renault* Mégane E-Tech à 38 000 euros face à une Mégane essence à 28 000 euros. Vous avez 10 000 euros d’écart à rattraper. En roulant 15 000 km par an :
- Carburant/électricité : vous économisez environ 1 200 euros par an
- Entretien : gain de 400 euros annuels
- Assurance : surcoût de 80 euros par an
Bilan : 1 520 euros d’économies annuelles. Il vous faudra donc 6 à 7 ans pour rentabiliser la différence de prix. Si vous roulez 25 000 km par an, la rentabilité tombe à 4 ans. En dessous de 10 000 km annuels, l’opération devient difficilement justifiable sur le plan financier.
Les aides qui changent l’équation
Le bonus écologique de 4 000 à 7 000 euros selon vos revenus réduit considérablement l’écart initial. Ajoutez la prime à la conversion si vous mettez à la casse un vieux diesel, et vous pouvez gagner jusqu’à 5 000 euros supplémentaires. Ces dispositifs rapprochent dangereusement les prix d’achat entre électrique et thermique neuf.
Certaines entreprises proposent une recharge gratuite ou subventionnée sur le lieu de travail. Si c’est votre cas, vous divisez par deux vos coûts d’énergie. Cet avantage transforme complètement le calcul de rentabilité et peut faire basculer la balance dès 10 000 km annuels.
Notre verdict sans filtre
L’électrique devient rentable si vous cumulez trois conditions : gros kilométrage annuel, recharge à domicile en heures creuses, et conservation du véhicule sur 7 à 10 ans minimum. Pour les autres profils, le surcoût initial reste difficile à amortir, même avec les aides actuelles.
Le marché de l’occasion électrique commence à se structurer. Des modèles de 3 à 5 ans avec 50 000 km affichent des décotes de 40 à 50%. À ces prix, l’équation change radicalement. Une *Zoé* ou une e-208 d’occasion à 15 000 euros devient financièrement cohérente dès 12 000 km annuels.

